“S’il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème.” Jacques Rouxel

Le monde des Shadoks




D'où viennent-ils ?

C'était il y a très, très, très longtemps. En ce temps-là, il y avait... le ciel.

A droite du ciel, il y avait la planète GIBI; elle était complètement plate, et elle penchait, soit d'un côté, soit de l'autre.

A gauche du ciel, il y avait la planète SHADOK; elle n'avait pas de forme spéciale... ou plutôt... elle changeait de forme.

Au milieu du ciel, il y avait la TERRE, qui était ronde et qui bougeait. Sur la Terre, il n'y avait apparemment rien.

Les Shadoks et les Gibis en eurent donc assez, au bout d'un certain temps, de vivre sur des planètes qui ne marchaient pas bien. Alors ils décidèrent, les uns et les autres, d'aller sur la Terre qui avait l'air de mieux marcher.

Leur histoire 

Les Shadoks est une série télévisée d'animation française en 208 épisodes de deux à trois minutes, créée par Jacques Rouxel, produite par la société aaa (animation art-graphique audiovisuel). La série a été diffusée entre le 29 avril 1968 et 1973 (trois premières saisons) et à partir de janvier 2000 (quatrième saison) sur Canal+ et rediffusée la même année sur Cartoon Network, et aussi rediffusée dans Cellulo sur La Cinquième. La série a été rediffusée en 2010 sur Gulli, sur Boomerang et sur Gong.

La série relate les différentes histoires et mésaventures des Shadoks, des êtres anthropomorphes aux apparences d'oiseaux (à ce jour, toujours non identifiés) rondouillards possédant de longues pattes et de petites ailes ridicules.

Les Shadoks ont pour opposés les Gibis, personnages intellectuellement supérieurs, qui par pitié, aident les Shadoks qui ne représentent pour eux aucune menace réelle. Les Gibis sont coiffés d'un chapeau melon qui leur permet de réfléchir aux problèmes en horde, de communiquer et de se moquer des inventions des Shadoks. Également exposés dans la série, quelques autres ennemis notables des Shadoks, leur plus grand ennemi dans la saison ZO, l'insecte Gégène, seul habitant de la Terre à l'époque. Également montré dans la série, le Big Blank, dans la saison BU-GA.

Les Shadoks possèdent pour tout vocabulaire quatre mots monosyllabiques : « Ga, Bu, Zo, Meu ». Ces mots servent aussi de chiffres pour compter (base 4). Les Shadoks sont excessivement méchants et idiots. Ils construisent des machines improbables qui ne fonctionnent pas, le plus souvent sous l'impulsion du Professeur Shadoko. La liste de ses inventions est longue. La plus emblématique d'entre elle reste la Cosmopompe destinée à pomper le cosmogol 9991 aux Gibis (série BU) ; en effet, c'est de l'utilisation de cette machine que les Shadoks vont se mettre à pomper. De là, naîtra la condition shadokienne qui les fera pomper pour un oui ou pour un non, voire les deux. «Et les Shadoks pompaient, pompaient, pompaient… ». D'autres machines suivront comme la machine à pilules, qui manquera de leur coûter la vie dans la série ZO, etc.

Principaux personnages


Le chef Shadok


Le Professeur Shadoko


Le Devin Plombier


Le Marin Shadok


L'irrécupérable ou Shadok Population



Le Monde des Shadoks

Une des caractéristiques du monde des Shadoks est sa représentation en deux dimensions. Si l'on introduit du relief, si l'on introduit une troisième dimension, ce n'est plus l'univers des Shadoks. « Je me souviens que quand on a fait des petites poupées Shadok, ça m'a fendu le cœur », a avoué Jacques Rouxel lors d'une émission télévisée. À la fin de la première série, le prototype de l'Animographe rend l'âme. Les Shadoks arboreront par la suite une autre forme de dessin mais qui reste toujours simple, avec les mêmes méthodes d'expression graphique.

La Planète Shadok




« À gauche du ciel, il y avait la planète Shadok… Elle n'avait pas de forme spéciale, ou plutôt elle changeait de forme. »

Dans le monde des Shadoks, l'espace est représenté comme un plan, et comme tel il est plat. Il n'a donc pas de profondeur (comme tout l'univers Shadokéen), seulement le haut et le bas, la gauche et la droite. La planète Shadok change de forme. C'est un grand danger pour les Shadoks puisque cela les fait trébucher, et ils risquent de tomber dans le grand vide interstellaire. C'est cet aspect peu pratique qui les poussera au cours de la série à émigrer vers d'autres lieux, avec difficulté toutefois.

La Planète Gibi




« À droite du ciel, il y avait la planète Gibi qui était plate et qui penchait, soit d'un côté, soit de l'autre. »

Les Gibis



Les Gibis habitent donc à droite du ciel. Leur planète est plate et déséquilibrée. En conséquence, si les Gibis ne sont pas bien répartis, la planète se met à pencher d'un côté ou de l'autre et ils risquent de tomber. C'est cela qui les poussera également à émigrer vers d'autres lieux. Les Gibis, contrairement aux Shadoks, sont très gentils et intelligents. Ils sont les inventeurs de nombre de machines utilisant les dernières technologies, quand les Shadoks se contentent de « rassembler des trucs et des machins ». Le secret de leur intelligence réside dans leur chapeau, qui leur permet de réfléchir tous ensemble à un problème. Lorsqu'un Gibi perd son chapeau, il perd son intelligence et devient fou. Ce qui permet aux auteurs de dire qu'ils « travaillent du chapeau », au sens propre.

Les Gibis évoquent les anglais (G.B., Great Britain) avec leurs chapeaux melons. Les Shadoks représenteraient alors le peuple français et son fameux « système D » dont on parle beaucoup dans les médias de l'époque. Cependant, dans la première série, la course à l'espace entre les occupants des deux planètes fait évidemment penser à la course à la Lune qui faisait alors rage entre les États-Unis et l'Union soviétique, et qui devait se conclure peu après par une victoire américaine. Dans cette optique, les Gibis symboliseraient tous les pays anglophones, en particulier les États-Unis et leurs hippies amateurs de fleurs et de musique, tandis que les Shadoks seraient l'Union soviétique, avec un Goulp omniprésent qui s'inspirerait du Goulag. On peut même supposer que les Shadoks d'en bas seraient les Chinois, dont les relations avec les Soviétiques étaient à l'époque franchement hostiles. Cette interprétation s'estompe rapidement au cours de la deuxième série. Par la suite, on voit plusieurs fois la Tour Eiffel au milieu des Shadoks, ce qui les assimile sans ambiguïté possible aux Français.

La Terre



« Au centre du ciel, il y avait la Terre. À cette époque, elle ne comptait qu'un seul et unique habitant, un redoutable insecte nommé Gégène (il y avait bien également quelques dinosaures à la retraite, mais comme ils le disaient eux-mêmes, ils étaient voués à disparaître) qui ne s'appelait pas vraiment Gégène puisqu'il n'y avait personne pour l'appeler. Cependant, on l'appela de cette façon pour plus de simplicité. Passons. » Les Shadoks et les Gibis, qui en eurent assez de vivre sur des « planètes qui ne marchaient pas bien », décidèrent les uns et les autres d'aller vers la Terre qui avait l'air de mieux marcher, bouleversant ainsi la vie de Gégène, qui n'allait pas s'en laisser conter.


Culture Shadok

Langue

La langue shadok, que certains shadokophiles appelèrent par la suite la langue Gabuzomeuse, comprend quatre éléments de base : GA, BU, ZO, MEU. En effet, leur cerveau, constitué de 4 cases, ne peut en contenir plus, et s'il fallait introduire un nouveau mot dans leur langue - par exemple NI - il faudrait d'abord en enlever un des quatre qu'ils ont déjà. D'autre part, ce qui pose problème c'est qu'ils ne peuvent connaître plus de 4 choses : par exemple, un Shadok ayant appris à marcher la veille ne peut apprendre à faire du vélo sans oublier comment marcher. De plus, leur faire apprendre des mots était très long et très pénible. En fait, la langue Shadok varie un peu entre les premiers épisodes et les livres. La série affirme dans un premier temps que les Shadoks ne connaissent que ces quatre mots, alors que dans les livres, ils utilisent des mots composés de Ga, Bu, Zo, Meu comme syllabes. On apprend alors que la langue Shadok est incompréhensible tant les mots sont polysémiques. En fait, les mots peuvent tous signifier à peu près n'importe quoi, ce qui permet à chaque Shadok d'utiliser n'importe quels mots avec l'assurance que son interlocuteur comprend quelque chose qui lui convient. Malgré cela, le texte narratif indique que les Shadoks sont capables de communiquer des idées compliquées.

Quelques exemples de mots en Shadok

ZoGa signifie pomper, ZoBuGa signifie pomper avec une petite pompe et ZoBuBuGa signifie pomper avec une grosse pompe14. GaMeu signifie la nuit, BuBu la mer et BuGa la terre.

Devises

Les Shadoks, au quotidien, se référent constamment à des principes et proverbes qui leur sont propres, et qui leur sont inculqués par leurs dirigeants (le devin plombier, le professeur Shadoko, ou encore le chef Shadok). Ceci est peut-être dû au fait que leur évidente stupidité les empêche intellectuellement de faire autre chose que d'obéir aveuglément à des principes. La plupart de ceux-ci repose sur des sophismes, ou parodie des principes humains.

Citations

« Au début, il n'y avait rien. Enfin, ni plus ni moins de rien qu'ailleurs. »

Principes et devises

« Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir. Autrement dit : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. » : cette citation caricature une mauvaise compréhension du principe mathématique des probabilités, en affirmant qu'en éliminant les cas statistiquement défavorables d'un événement, on augmente peu à peu ses chances d'obtenir un cas favorable, même peu probable. Ceci est illustré lors d'un épisode où les Shadoks décident de construire une fusée pour aller dans l'espace. Le professeur Shadoko et le devin plombier calculent que le lancement d'une fusée a une chance sur un million de décoller. Ils s'activent alors à faire rater le plus vite possible 999999 lancements afin de pouvoir en lancer un 1000000e, qui, « statistiquement », devrait réussir. On peut ici penser à la célèbre citation de Rita Mae Brown souvent attribuée à tort à Albert Einstein : « Insanity is doing the same thing over and over again and expecting different results. » (« La folie consiste à faire la même chose encore et encore et à attendre des résultats différents. »)
« Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas. » Peut-être inspiré de la loi de Murphy.
« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? », peut-être inspirée du rasoir d'Occam.
« S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème. », parodie contraposée du proverbe « Pas de problème sans solution ».
« Je pompe donc je suis. » Ceci est une parodie de la célèbre citation du philosophe René Descartes, « Je pense donc je suis ».
« Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes. »
« Si ça fait mal, c'est que ça fait du bien. », parodie de la célèbre citation du philosophe Friedrich Nietzsche « tout ce qui ne me tue pas, me rend plus fort »
« C'est en forgeant que l'on devient musicien. », parodie du proverbe « C'est en forgeant que l'on devient forgeron ».
« Ce n'est qu'en pompant que vous arriverez à quelque chose et même si vous n'y arrivez pas… hé bien ça vous aura pas fait de mal ! »
« Il faut pomper pour vivre et donc vivre pour pomper. » Là encore, cette citation est une parodie d'une citation tirée de L'Avare de Molière : « Il faut manger pour vivre, et non vivre pour manger ».
« On n'est jamais aussi bien battu que par soi-même. », équivalent Shadok de « On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même ».
« Tout avantage a ses inconvénients et réciproquement. »
« Pour aller quelque part, en général, le plus simple est de partir de là où on veut aller. »
« Avec un escalier prévu pour la montée, on réussit souvent à monter plus bas qu'on ne serait descendu avec un escalier prévu pour la descente. »
« Le plus long chemin d'un point à un autre est la ligne droite. » Parodie de la géométrie euclidienne : « La ligne droite est le plus court chemin pour aller d'un point à un autre » (Eugène Rouché, Charles de Comberousse, Traité de géométrie élémentaire, Paris, Gauthier-Villars, 1866).
Le chef Shadok (dans la série Meu) : « Tout ce qui n'est pas explicitement autorisé est strictement interdit. »
Le grand intelligencieur et docteur shadok (dans la série Meu) : « Pour guérir quelque chose qui ne marche pas ou fait trop de bruit, il faut et il suffit de taper dessus avec quelque chose qui marche mieux ou qui fait plus de bruit. »

Devises sur la marine

À l'occasion de plusieurs épisodes, le Marin Shadok, dans sa Shadok Caravelle, écume l'espace grâce à ses matelots, qui rament sur une fine couche d'eau, au beau milieu du vide intersidéral. Le Marin Shadok, à l'occasion, et souvent sous l'influence de l'alcool, exprime ses principes sur la marine :
« Dans la Marine, c'est un principe : pour qu'il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes. »
« Dans la marine on ne fait pas grand-chose, mais on le fait de bonne heure ! »
« C'est encore dans la marine qu'il y a le plus de marins. » Parodie de la réplique de César dans Marius de Marcel Pagnol : « C'est dans la marine qu'il y a le plus de cocus ! »
« Dans la marine, il faut saluer tout ce qui bouge et peindre le reste. »
« Mieux vaut regarder là où on ne va pas, parce que, là où on va, on saura ce qu'il y a quand on y sera ; et, de toute façon, ce sera jamais que de l'eau. »
« Quand on ne sait pas où l'on va, il faut y aller !!...et le plus vite possible.»

Jacques Rouxel a repris ou s'est inspiré d'authentiques devises utilisées dans la marine, domaine qu'il affectionne.

Arithmétique - compter en Shadok

Malgré ses moyens intellectuels limités, le professeur Shadoko finira quand même par inventer une façon de compter en base 4 avec comme chiffres GA, BU, ZO et MEU. Le devin plombier décréta que les écoliers shadoks avaient un jour pour apprendre à compter et que si, au bout de ce délai ils s'en trouvaient incapables, on brûlerait le professeur Shadoko. Les écoliers shadoks, bien sûr, apprendre à compter, ça les intéressait beaucoup mais brûler le professeur, ça les intéressait aussi ! Finalement, le lendemain, tous les écoliers shadoks savaient compter, au-delà de 4.

Voici donc cette fameuse méthode : « Quand on a MEU shadoks, et qu'on en ajoute BU, il n'y a plus de place. On les met alors dans une poubelle. Il y a donc BU poubelle et GA shadok à côté » Ce qui donne BU GA, soit 4 en décimal.

0 Ga 
1 Bu  
2 Zo  
3 Meu  
4 Bu-Ga  
5 Bu-Bu 
6 Bu-Zo
7 Bu-Meu
8 Zo-Ga
9 Zo-Bu
10 Zo-Zo
11 Zo-Meu 

L'analogie avec les quatre nucléotides de l'ADN, A, T, C et G, seuls utilisateurs du système quaternaire, est remarquable.

Reproduction

Chez les Shadoks, la reproduction a toujours été un grand problème. Ils pondent des œufs dès qu'ils savent compter jusqu'à 418 mais au début, ils pondaient des œufs ordinaires et ceux-ci se cassaient à chaque fois en raison des grandes pattes des Shadoks. Alors, ils ont commencé à pondre des œufs en fer. Mais dans la série ZO on découvre un nouvel inconvénient : les Shadoks oubliant la clef chez eux, le bébé shadok ne peut évidemment pas sortir de l’œuf. Il est donc décidé d'attendre que celui-ci rouille, ce qui implique que quand il sort de l’œuf, le « bébé » Shadok est déjà très vieux… Selon un cours magistral du professeur Shadoko sur la Lune, série ZO l'œuf est composé de trois sous-ensembles : l'intérieur, l'extérieur, et l'entre-deux (la coquille), mais l'intérieur étant composé de la même chose que l'extérieur, on en déduit donc que l'œuf est composé essentiellement de l'extérieur.

Logique

Sa plus notable manifestation est le cours magistral du professeur Shadoko sur les passoires, dans le cadre du grand programme d'éducation des Shadoks. La logique des Shadoks revêt, en les caricaturant19, les caractéristiques propres à la logique de réalisation des programmes informatiques et des mathématiques. Cette forme d'humour provient en partie des concepteurs de l'Animographe et d'une amorce d'anti-bourbakisme.

Par exemple :
tout type d'instrument est appelé passoire, sur lequel on peut définir trois sous-ensembles : l'intérieur, l'extérieur et les trous ;
les trous ne sont pas importants. En effet, on ne change pas notablement les qualités de l'instrument en réduisant de moitié le nombre des trous, puis en réduisant cette moitié de moitié etc. jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de trou du tout ;
d'où, théorème : la notion de passoire est indépendante de la notion de trou et réciproquement ;
il y a pourtant trois sortes de passoires : celles qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau, celles qui laissent passer les nouilles et l'eau, et celles qui laissent passer quelquefois l'un ou l'autre et quelquefois pas. D'où les conclusions suivantes : une passoire qui ne laisse passer ni l'eau ni les nouilles est une casserole,
une casserole sans queue est un autobus,
un autobus qui ne roule ni vers la droite ni vers la gauche est une casserole.


Punition - Le Goulp



Le Goulp est une sorte de trou dans la planète Shadok. Avant l'abandon de cette planète, tous les Shadoks ne donnant pas entière satisfaction y étaient entassés. Il est également appelé Enfer, puisque ceux qui sont jetés dedans sont enfermés. Seul le Chef Shadok a le pouvoir d'envoyer quiconque au Goulp. Le professeur Shadoko, parce que sa Cosmopompe produit des résultats médiocres, en fait d'ailleurs l'expérience.

Dans la saison 4 (BU-GA), les Shadoks changent de planète et le Goulp fait place au Grand Dépotoir. Il s'agit de la boîte de conserve où s'enroule le passé de la planète des Shadoks après le Big Blank. Si, à l'instar du Goulp, le Grand Dépotoir permet de se débarrasser des Shadoks n'ayant pas donné entière satisfaction, il leur permet aussi de se débarrasser de toutes leurs vieilleries. Néanmoins, cet enroulement étant inhérent au passage du temps, de nombreux accidents arrivaient : pour y remédier, un service de train fut instauré afin de ramener les Shadoks au bout du rouleau, de l'autre côté de la planète.




Egger Ph.

Les Shadoks, c'est voltaire !



Les Shadoks venaient rappeler que l'humour n'est pas qu'anglais, même celui du nonsense. C'est après son séjour en Angleterre que Voltaire avait développé son humour à la française, correspondant au wit anglais, au Witz allemand. C'est cela, l'Europe. Et c'est pour cela que les Shadoks se sont si bien vendus immédiatement à toutes les chaînes de télévision d'Europe. Le bon mot, c'est la pointe, le piquant, la vivacité. Termes d'épée, d'escrime, et de dessin, de gravure. Le mordant est d'abord cet acide que l'on emploie pour la gravure sur cuivre. A travers les Shadoks, Rouxel a inventé la gravure sur télévision. Au service du retour de l'esprit voltairien.



Les Shadoks ? Un caustique. Et mordants : à pleines dents. En effet, de ces créatures réduites à leur plus simple expression, et fortes par là, c'est ce détail qui doit être retenu : que ces oiseaux ont des dents. Et qu'ils n'attendent pas que les poules en aient pour les montrer et s'en servir. De ces becs carnassiers, que profèrent-ils ? Des méchancetés assainissantes. Thérapeutiques. Ils arborent les longs becs des médecins d'autrefois qui permettaient de se distancier ironiquement d'une épidémie en se promenant au milieu d'elle. Les Shadoks ont été présents pour réagir dès la première heure de Mai 68 à l'invasion de bonne pensée jeune et de gauche dégénérant dans toute une pollution de cool issue du smile (le sourire obligatoire), du nice (le gentil) et du positive thinking (l'obligation d'être positif). Cela se poursuit de nos jours au titre soit frelaté et puant dunew age soit pur et dur du politically correct. D'où la nécessité de ne pas perdre l'esprit Shadok.



Il est le contraire du Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Les Shadoks relèvent du fameux art du mot d'esprit comme pointe issu du XVIIIème siècle, qui est une technique de duelliste : le salon est un champ de bataille et de lancement de fusées, celles des feux d'artifice, des mots qui fusent et qui fustigent, des mots fusils. La voix de Piéplu fut, dès Mai 68, celle de ces railleurs dandies successeurs de Voltaire qui venaient lancer leurs fusées dans les salons et les cafés : l'esprit Shadok aussi pique et transperce, ferraille. Même si c'est décalé, même si on ne voit pas tout de suite qui est visé. En tout cas on perçoit que c'était juste, et en plein dans la cible, à la douleur de ceux qui se sont sentis visés et qui se disaient touchés, atteints : les crétins anti-Shadoks de la France profonde pompidolienne. Les mêmes qu'à l'époque de Chamfort, Stendhal, Balzac, Flaubert, Baudelaire (celui des Fusées).



Contre un Mai 68 nunuche

En 1993, il s'agit de libérer enfin les Shadoks de Mai 68 ; et finalement de libérer Mai 68 de Mai 68 : ils sont un révulsif pour séparer les deux Mai 68, celui de la consommation et de la nunucherie, et celui de la vivacité et du caustique. Les Shadoks sont à la fois contre la bêtise lourde de la France profonde et contre la sottise tourbillonnante de la France superficielle. Cela reste actuel sous Balladur et sous le grunge. Rappelez-vous le contexte de Mai 68... Dans le tourbillon d'hystérie prochinoise, en plein sinisme : ce cynisme. Entre les hippies et les Pékinois, entre les dindes de l'Inde et les dindons de Mao, au milieu de tous les orients : ces désorientants. Surtout, sont nées de Mai 68 deux folies mortifères contre lesquelles il faut s'armer de méchanceté shadoko-voltairienne : du gauchisme est sorti le terrorisme, et de l'écologisme le pétainisme khmer vert. A ceux qui font du terrorisme nous répondrons par du voltairorisme. A ceux qui disent retour à la terre, nous répondons : retour à Voltaire. Le voltairien Talleyrand fut un Shadok. Il eut ce vermouth : cette amertume mordante enveloppée dans le doux soyeux du style. Napo le lui dit un jour, en une formule que l'on a mal entendue : Vous êtes de l'amer dans un bas de soie Cela valait Légion d'honneur du style français. Style signifie d'abord poinçon, puis poignard : stylet. Le style, que les Shadoks représentent éminemment, à quoi ça sert ? A tuer la connerie, à faire couler le sang de la bêtise et de l'affadissement. Une coupure au rasoir opérée par ce trait de dessin ultra-fin et ces histoires hyper-minimalistes où tout est aigu, pointu comme les becs des Shadoks et leurs corps anguleux. Les Shadoks ne croient pas à la bonhomie de la rondeur et de l'obésité. Ils refusent de somatiser. De prendre sur eux en enflant. Leur antithèse a été récemment l'exposition Botero sur les Champs-Elysées : l'enfouissement dans la graisse lourde comme une cuirasse. La fausse solution Bibendum.



Les Shadoks ne sont pas nice

Autrement dit la nice-ité américaine. L'annulation de l'agressivité dans une autopunition d'invasion par les graisses. Par le sucre vicieux des sodas et des crèmes glacées. Ce bonheur affiché se paie par du malheur interne. Les Shadoks sont de pure ligne voltairienne, pas seulement par la ligne éditoriale ou politique, mais par la ligne du trait de crayon, et la ligne du corps : ils gardent la ligne : ils sont le sec et le nerveux, le maigre et le précis, le direct et l'express. La qualité d'expression française des Lumières est d'abord un exercice de maigreur et de nervosité, pour ensuite la souplesse et le bond dans la grâce. Les Shadoks travaillaient dans la minceur d'acier style tour Eiffel, autrement dit dans la dentelle - ce qu'il y a de plus dur, de plus difficile, de plus durci, de plus durable. Les imbéciles qui écrivaient des lettres pour se plaindre qu'on ne leur montrât point de paysages français à la place des Shadoks qu'ils ressentaient comme l'anti-France, étaient eux- mêmes le risque de mort de la qualité-France. Les Shadoks sont une des chances de la survie de la France à l'horizon du XXIème siècle. Un de ces paysages français vivants venus du plus loin, capables d'engendrer par leur exemple et leur déflagration de nouveaux paysages français jamais vus, mais qui seront tout de suite reconnaissables.


Laurent Dispo

Publication : Ils s'ennuient










































Egger Ph.

Questions Fondamentales


Pourquoi les Shadoks pompaient-ils ?



Pour aller sur la Terre, les Gibis ont construit une fusée. Elle fonctionne grâce à un combustible super-puissant, le COSMOGOL 999.

Mais quel est ce combustible miracle ? D'où les Gibis l'extraient-ils ?

Comme vous le savez, la planète Gibi est plate. Dès que l'on creuse un trou, on tombe de l'autre côté.

Les Gibis ne peuvent donc rien extraire du sous-sol, sans cela leur planète serait une vraie passoire.

Les Gibis extraient le Cosmogol 999 de l'atmosphère. Celle-ci est recueillie dans d'énormes entonnoirs à atmosphère, puis pompée dans des pompes à atmosphère. Par un procédé secret, les Gibis en extraient le Cosmogol brut, dit Cosmogol de première pression qui, une fois raffiné, concentré et enrichi, donne le fameux Cosmogol 999 qui propulsera la fusée Gibi.

Sous la direction du Professeur SHADOKO, les Shadoks ont construit une fusée interplanétaire.

Elle était munie des derniers perfectionnements techniques tels que casseroles à retardement, batteurs d'air et tire-bouchons hypersustentateurs. La seule difficulté, c'est qu'elle ne marchait que d'un côté: de haut en bas uniquement, car les Shadoks n'avaient pas de carburant suffisamment puissant.

Alors, pour subtiliser celui des Gibis, le Cosmogol 999, le Professeur Shadoko avait mis au point un plan. Nous avons demandé au Professeur lui-même de nous dire deux mots de ce plan :

"C'est très simple. Pour que le Cosmogol Gibi vienne chez nous, il suffit que nous le POMPIONS à travers le cosmos. Et nous le pompons grâce à cette COSMOPOMPE de mon invention d'une puissance incroyable de trois millions de Shadoks-Vapeur."

 C'EST POURQUOI TOUTE 
LA POPULATION SHADOK......


POMPAIT, POMPAIT, POMPAIT....


D'où, un des fameux adages Shadok :

Je pompe donc je suis



Ils avaient mis au point des pompes spéciales pour le cas où il n'y avait pas de problèmes du tout. C'est pourquoi :

S'il n'y pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème




Pour ceux que la technique intéresse, disons que, quand on pompait avec ça, non seulement il ne se passait rien, comme avec une pompe Shadok ordinaire, mais plus om pompait, plus il n'y avait rien qui se passait. D'où :

Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien 
que risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas



C'est quand même une sécurité ! 



Pourquoi vouloir aller sur la Terre ?


En fait, leur fusée n'était pas très, très au point, mais ils avaient calculé qu'elle avait quand même UNE CHANCE SUR 1 MILLION DE MARCHER. Et ils se dépêchaient de bien rater les 999 999 premiers essais pour être sûrs que le millionième marche.

Les essais de fusée shadok comportaient plusieurs phases. D'abord, les techniciens shadoks entonnent le compte à rebours sur un vieil air d'accordéon. Puis les Shadoks les plus doués pour les mathématiques enfourchent leur ordinateur à pédales pour calculer la trajectoire. C'étaient eux qui avaient le plus de mal car les Shadoks avaient entendu dire que plus un ordinateur va vite, plus il donne de bons résultats. Et c'est celui qui avait gagné qui avait trouvé la bonne trajectoire. On procédait alors à la mise à feu. Ça ratait. Et aussitôt après, on recommençait.
 
Car tel était le premier principe de base de la logique shadok :

 
En essayant continuellement, on finit par réussir
Donc : plus ça rate, plus on a de chance que ça marche



 Le MARIN SHADOK qui regardait ça disait que la fusée ne partirait jamais.


C'était un ancien quartier-maître pirate qui avait mal tourné. Contrairement aux gens de son espèce qui passent généralement leur temps à introduire des petits bateaux dans une bouteille, lui, il introduisait des bouteilles dans son petit bateau. Il parlait par maximes et quelquefois même en anglais. C'est lui qui disait, par exemple :

Dans la marine on ne fait pas grand chose
mais on le fait de bonne heure



ou encore,

Dans la marine il faut saluer tout ce qui bouge
et peindre le reste



Pour la fusée, il disait que le plus simple était encore d'aller subtiliser la fusée Gibi. Que lui connaissait le chemin et que, lui, il irait la subtiliser, lui, et en bateau ! Naturellement, c'était insensé. 

Mais comme il était un peu trop souvent... "sous l'influence" et qu'il constituait un objet de scandale, le Chef shadok lui donna quand même l'autorisation. En fait, il se disait que c'était un moyen simple et élégant de s'en débarrasser.
 
Car de l'eau, dans le cosmos, il n'y en avait pas tellement, et au bout d'un certain moment, elle s'arrêtait. Après quoi il n'y avait plus rien, sauf évidemment... le NEANT.

La Shadokkaravelle fendait l'espace sous le commandement de principe du Marin shadok qui, comme à l'ordinaire, était le plus souvent... "sous l'influence". Si bien que personne en fait ne regardait où on allait. Mais il disait que dans la Marine, c'était l'usage, et qu'il est beaucoup plus intéressant de regarder où l'on ne va pas pour la bonne raison que, là où l'on va, il sera toujours temps d'y regarder quand on y sera; et que, de toute façon, ça ne sera jamais en fin de compte que de l'eau. Il n'empêche qu'il fallait faire vite. Car, ajoutait-il :

Dans la Marine,

Quand on sait pas où l'on va, il faut y aller !!
...et le plus vite possible



Et tout le monde à bord était content. Sauf peut-être ceux qui étaient spécialisés dans le battage. 

C'était sur eux qu'on tapait quand le Marin avait des punitions à distribuer. C'était pénible évidemment, mais c'était indispensable pour maintenir le moral de l'équipe. Car, disait-il encore :

Dans la Marine, c'est un principe :

Pour qu'il ait le moins de mécontents possible
il faut toujours taper sur les mêmes


 
C'est pourquoi il avait formé un corps spécial, le corps des Shadoks à Claques envers lesquels il faisait très habituellement preuve de la plus exquise brutalité.

Mais, direz-vous, si les Shadoks pouvaient aller en bateau de la planète Shadok à la planète Gibi, pourquoi n'allaient-ils pas directement et par le même moyen sur la Terre ?
 
A cela il y avait une raison fondamentale qui relevait du principe de base de la logique Shadok qui disait :

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué....



La logique Shadok ne reposait pas sur des bases solides
Ce qui nuisait considérablement au développement normal de leur intelligence.
En voici quelques illustrations...


Les passoires (d'après le professeur Shadoko)

0n appelle passoire tout instrument sur lequel on peut définir trois sous-ensembles : l'intérieur, l'extérieur, et les trous. L'intérieur est généralement placé au-dessus de l'extérieur et se compose le plus souvent de nouilles et d'eau. Les trous ne sont pas importants. En effet, une expérience simple permet de se rendre compte que l'on ne change pas notablement les qualités de l'instrument en réduisant de moitié le nombre des trous, puis en réduisant cette moitié de moitié... etc... etc... et à la limite jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de trous du tout.

D'où THEOREME :



...et RECIPROQUEMENT.


On appelle passoires du Premier Ordre les passoires qui ne laissent passer Ni les nouilles Ni l'eau. On appelle passoires du Second Ordre les passoires qui laissent passer ET les nouilles ET l'eau. On appelle passoires du Troisieme Ordre, ou passoires complexes, les passoires qui laissent passer quelquefois l'un ou l'autre et quelquefois pas. Pour qu'une passoire complexe laisse passer l'eau et pas les nouilles, il faut et il suffit que le diamètre des trous soit notablement inférieur au diamètre des nouilles. Pour qu'une passoire complexe laisse passer les nouilles et pas l'eau, il faut et il suffit que le diamètre des trous soit notablement inférieur au diamètre de l'eau. Quant aux passoires du premier ordre qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau, il y en a de deux sortes. Les passoires qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau ni dans un sens ni dans l'autre et celles qui ne laissent passer ni les nouilles ni l'eau que dans un sens seulement. Ces passoires-là, on les appelle des casseroles.

Il y a trois sortes de casseroles : Les casseroles avec la queue à droite, les casseroles avec la queue à gauche, et les casseroles avec pas de queue du tout. Mais celles-là on les appelle des autobus.

Il y a trois sortes d'autobus : les autobus qui marchent à droite, les autobus qui marchent à gauche et les autobus qui ne marchent ni d'un côté ni de l'autre. Mais ceux-là, on les appelle des casseroles.

Il y a trois sortes de casseroles : les casseroles...


Le langage Shadok

Eduquer les Shadoks, malheureusement, c'était pas chose facile. Les cerveaux des Shadoks, en effet, avaient une capacité tout à fait limitée.

Ils ne comportaient en tout que QUATRE CASES.

Et encore, c'était pas toujours vrai parce que bien souvent il y en avait de bouchées. Pour remplir les cases déjà, c'était pas facile et cela prenait un certain temps. C'est alors que commençait la difficulté parce que, quand les cases étaient pleines, il n'y avait plus de place et le Shadok, on ne pouvait plus rien lui apprendre. Si on essayait quand même, alors obligatoirement il y avait une case qui se vidait pour faire de la place.

De sorte que quand un Shadok avec une tête pleine voulait apprendre quelque chose, il fallait qu'il en oublie une autre. EXEMPLE : si un Shadok avait appris à marcher avec une case et que plus tard il ait appris trois mots avec les trois autres cases, eh bien, si en plus on voulait lui apprendre à faire du vélo, le Shadok ne savait plus marcher.

Comme ils n'avaient que quatre cases, évidemment les Shadoks ne connaissaient pas plus de quatre mots. C'était :

GA BU ZO MEU


Vous comprendrez donc facilement qu'il n'y avait pas du tout suffisamment de mots pour toutes les choses qui existaient et qu'il y avait des quantités de choses qui avaient le même mot.

C'est pourquoi les Shadoks pensaient souvent que :

La plus grave maladie du cerveau c'est de réfléchir



ou encore :

Je dis des choses tellement intelligentes
que le plus souvent je ne comprends pas ce que je dis



Quelques devises à méditer...


La vérité c'est qu'il n'y a pas de vérité
(y compris celle-ci)






Si ça fait mal c'est que ça fait du bien !!






Le bon sens est la chose au monde la mieux partagée...
... la connerie aussi !!






Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries
que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes





Avec un escalier prévu pour la montée on réussit souvent à monter plus bas
qu'on ne serait descendu avec un escalier prévu pour la descente






Excusez moi ! J'ai oublié que j'étais amnésique.




Dormir me fatigue.





Je crains le chaud, le froid, le sec et l'humidité.




On n'est jamais aussi bien battu que par soi même.






Les grandes inventions Shadok :
Le parapluie pour temps sec






Egger Ph.